Loi littoral : réglementation, distances, restrictions pour construire une maison en bord de mer

La Rochelle, Royan ou l’Ile de Ré possèdent des littoraux magnifiques, et même si des constructions existent, ils sont fort heureusement protégés. En effet, construire une maison en bord de mer présente de nombreux défis en raison des réglementations strictes. La loi Littoral interdit toute construction dans la bande littorale des cent mètres à partir de la limite haute du rivage, sauf exception. Elle restreint fortement les constructions hors des espaces déjà urbanisés pour préserver les paysages et écosystèmes. Les installations nouvelles sont interdites en dehors de la continuité de l’urbanisation existante.
Dans cet article, nous détaillons les éléments essentiels pour réussir votre projet immobilier sur le littoral tout en restant conforme à la régulation.
Sommaire
Comprendre la loi littoral
La loi littoral, adoptée en 1986, est un dispositif juridique français qui a pour objectif de protéger et mettre en valeur les espaces naturels côtiers et d’en réguler l’aménagement. Elle s’applique à toutes les communes situées à proximité immédiate du rivage maritime ainsi qu’à leurs agglomérations.
Les enjeux de la loi littoral
La loi Littoral protège le littoral en encadrant l’urbanisation et la pression urbaine pour préserver les espaces proches du rivage. Elle vise la conservation des milieux naturels, la lutte contre l’érosion côtière, la mise en valeur du domaine public maritime et une gestion et de développement durable. Elle concilie développement et respect des équilibres écologiques du littoral.
Quelles sont les mesures de la loi littoral ?
Voici, dans le détail, les mesures phrases de la loi littoral, avec les articles et alinéas associés.
- Interdiction de construire dans la bande des 100 mètres. En dehors des espaces urbanisés, les constructions ou installations sont interdites sur une bande littorale de cent mètres à compter de la limite haute du rivage ou des plus hautes eaux pour les plans d’eau intérieurs désignés au 1° de l’article L. 321-2 du code de l’environnement.
- Limitation de l’urbanisation dans les espaces proches du rivage. L’extension de l’urbanisation dans les espaces proches du rivage ou des rives des plans d’eau intérieurs désignés au 1° de l’article L. 321-2 du code de l’environnement est justifiée et motivée dans le plan local d’urbanisme, selon des critères liés à la configuration des lieux ou à l’accueil d’activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau.
- Encadrement de l’urbanisation en continuité avec les agglomérations et villages existants. L’extension de l’urbanisation se réalise en continuité avec les agglomérations et villages existants.
- Dérogations pour les constructions nécessaires à des services publics ou à des activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau. Le principe d’inconstructibilité ne s’applique pas aux constructions ou installations nécessaires à des services publics ou à des activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau.
- Protection des espaces remarquables. Les espaces remarquables du littoral sont identifiés et protégés pour préserver leur caractère naturel.
- Préservation du domaine public maritime. La loi Littoral vise à préserver le domaine public maritime en encadrant les constructions et aménagements.
- Lutte contre l’érosion côtière. La loi Littoral prend en compte la lutte contre l’érosion côtière en limitant l’urbanisation et en préservant les milieux naturels.
- Promotion du développement durable du littoral. La loi Littoral promeut une gestion équilibrée entre protection environnementale, usages économiques et qualité de vie sur le littoral.
Plus de détails sur les mesures de la loi littoral sur le site de legifrance.

Où s’applique la loi littoral ?
La loi Littoral s’applique dans toutes les communes riveraines de la mer, des estuaires, des étangs salés et des grands lacs de plus de 1 000 hectares. Elle concerne une zone littorale définie pour encadrer l’urbanisation. Son objectif est de préserver ces territoires fragiles et leur équilibre écologique.
Trois types de zones sont principalement couvertes par cette loi :
- Zones d’urbanisation diffuse : interdit les constructions en dehors des espaces déjà urbanisés, sauf exception justifiée par le SCOT ou le PLU.
- Espaces remarquables : protège les sites naturels, marais, dunes, forêts ou zones humides présentant un intérêt écologique ou paysager fort.
- Bande des 100 mètres : interdit toute nouvelle construction dans une bande de 100 m à compter de la limite haute du rivage, sauf dérogations strictes.
Quelles exceptions à la loi littoral existent ?
Certaines exceptions à la loi Littoral permettent des constructions sous conditions strictes. Les aménagements légers (article L121-13 du Code de l’urbanisme) sont tolérés en dehors des zones urbanisées s’ils ne nuisent pas à l’environnement. Des installations nécessaires aux services publics ou à des activités économiques liées au littoral (pêche, tourisme, sécurité) peuvent également être autorisées (article L121-12).
Dans les zones déjà urbanisées, des dérogations au principe d’urbanisation en continuité peuvent être accordées pour des projets répondant à un intérêt public majeur ou intégrés dans un document d’urbanisme compatible avec la loi Littoral. Les permis de construire peuvent être délivrés si le projet respecte la préservation des paysages, des espaces naturels et la limitation de l’artificialisation du littoral.
Ces exceptions sont strictement encadrées et évaluées au cas par cas par les services de l’État.
Quels impacts de la loi littoral sur l’immobilier ?
La loi Littoral limite fortement les possibilités de construction dans les zones non urbanisées, ce qui freine le développement immobilier. Elle valorise les biens existants en zones autorisées, mais complique l’obtention de permis. Le marché devient plus tendu dans les secteurs prisés soumis à ces restrictions.

Ce qu’il faut vraiment faire avant d’acheter ou construire en zone littorale
Comprendre les règles de la loi Littoral est une chose. Les appliquer concrètement à un projet immobilier en est une autre. Voici les étapes concrètes et les pièges à éviter pour un particulier ou investisseur souhaitant acheter un terrain ou construire en bord de mer.
1. Vérifier la constructibilité réelle du terrain
Même si un terrain est “en zone constructible” sur le PLU, cela ne garantit pas l’obtention d’un permis. Les communes littorales doivent respecter des critères très stricts de continuité avec l’urbanisation existante. Un terrain isolé en zone UB ou N peut très bien être inconstructible au regard de la loi Littoral.
Astuce utile : demandez systématiquement un certificat d’urbanisme opérationnel (CUb) avant toute promesse d’achat. Ce document, délivré par la mairie, précise les règles applicables à un projet précis sur le terrain en question.
2. Étudier la localisation précise et les risques associés
Avant d’acheter, il est indispensable de vérifier plusieurs couches d’information :
- Cartes des zones à risques (érosion, submersion, retrait-gonflement des argiles)
- Zonage des espaces remarquables
- Distance exacte du trait de côte
- Présence de servitudes (SPPL, DPM, chemins d’accès au littoral, etc.)
🌐 Utilisez des outils comme Keyzia, Géoportail, les plans de prévention des risques naturels et technologiques (PPRN) ou les cartes d’urbanisme locales pour superposer les contraintes. Un géomètre-expert peut aussi confirmer la situation précise.
Exemples de cas fréquents
| Situation | Démarche recommandée | Risque potentiel |
|---|---|---|
| Terrain entre mer et village, mais hors agglomération | Certificat d’urbanisme, demande en mairie | Inconstructibilité (urbanisation non continue) |
| Terrain sur zone UB mais en lisière de zone N | Analyse fine du PLU + loi Littoral + éventuelles dérogations | Permis difficile à obtenir sans projet d’intérêt général |
| Terrain en zone urbanisée mais en “espace remarquable” | Étude environnementale obligatoire | Permis souvent refusé (article L121-23) |
Anticiper les délais et contraintes administratives
Dans les zones soumises à la loi Littoral, les délais d’instruction de permis sont allongés et peuvent nécessiter :
- un avis de la DREAL ou de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM)
- une étude d’impact environnementale
- une enquête publique pour les projets d’envergure
Le simple fait que votre projet soit “à moins de 100 mètres du rivage” ou situé en dehors d’un tissu urbain dense peut suffire à exiger une dérogation préfectorale. Cela prend du temps… et peut être refusé.
Attention aux achats “coup de cœur”
Beaucoup d’acquéreurs tombent dans le piège d’un terrain vendu comme “idéal pour une maison de vacances” avec vue mer, sans avoir conscience des verrous réglementaires. Une belle vue ne fait pas une constructibilité.
Conseil : méfiez-vous des annonces imprécises. Si une parcelle n’est pas viabilisée ou présente comme “idéalement située”, mais sans mention d’un certificat d’urbanisme ou de PLU clair, redoublez de prudence.
